Théorisé par des universitaires et des économistes dès le début des années 1970, l’investissement socialement responsable (ISR) est aujourd’hui un « must » pour les entreprises et les investisseurs qui souhaitent concilier intérêt financier et impact positif sur la société. Une façon de rendre la finance vertueuse, en quelque sorte
Théorisé par des universitaires et des économistes dès le début des années 1970, l’investissement socialement responsable (ISR) consiste schématiquement à soumettre toute décision d’investissement aux critères du développement durable, et non plus seulement à la performance financière attendue à court terme. Cela implique de prendre en compte dans les analyses préalables des éléments comme le respect de l’environnement, le bien-être des salariés ou le type de gouvernance en vigueur dans l’établissement financier ou l’entreprise sur lesquels on envisage d’investir. L’ambition ultime de l’ISR est de favoriser, voire accélérer la transition vers une économie plus vertueuse, plus responsable et plus en phase avec les aspirations sociétales du moment.
Investir dans des entreprises vertueuses
En choisissant d’investir dans un produit d’épargne ISR, les sommes investies seront donc fléchées vers des entreprises soucieuses de mieux prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux, mais aussi les bonnes pratiques en termes de ressources humaines et de gouvernance. Dans le jargon de la finance, ces critères d’évaluation sont regroupés sous l’acronyme ESG (pour environnementaux, sociaux et de gouvernance), qu’on évalue très précisément avant une décision d’investissement. La performance financière attendue n’est pas pour autant négligée, mais elle va souvent de soi. De récentes études ont en effet démontré que les entreprises ayant une note ESG élevée sont celles qui réalisent les meilleures performances financières sur le long terme. Rien de miraculeux à cela, puisque les entreprises les mieux notées en ESG sont par essence les mieux armées pour affronter les défis d’aujourd’hui et de demain. Les ISR permettent ainsi aux investisseurs d’apporter leur contribution au financement des entreprises à fort potentiel tournées vers l’avenir.
Des labels ISR pour guider les investisseurs
Pour guider les investisseurs et empêcher les revendications ISR abusives, des fonds certifiés ISR ont été créés par de nombreux établissements financiers en France et dans le monde. Il existe également des labels qui permettent aux investisseurs de sécuriser leurs choix. Il s’agit du label ISR lancé en 2015 par le ministère de l’Economie et des Finances, attribué aux fonds qui investissent dans des entreprises répondant aux critère ESG, et du label Greenfin (anciennement TEEC), créé la même année par le ministère de l’Environnement et décerné aux fonds qui investissent dans l’économie verte.
La plupart des fonds labélisés ISR proposent des investissements en actions et obligations cotées mais aussi dans l’immobilier et le capital-investissement. Ces fonds sont gérés le plus souvent par des distributeurs (banques, assureurs et mutuelles, conseillers en investissements financiers…) ou par des sociétés de gestion. Ils peuvent être placés sur un compte titres, un plan d’épargne en actions (PEA) ou sous la forme d’unités de compte dans une assurance-vie. Certaines entreprises proposent aussi à leurs collaborateurs des placements ISR dans le cadre de l’épargne salariale.
L’AMF vérifie la qualité des informations délivrées aux investisseurs ISR
Pour autant, il n’existe pas (ou pas encore) de cadre réglementaire ou de norme officielle pour l’ISR. L’autorité des marchés financiers (AMF), souvent présentée comme le « gendarme de la bourse », n’a donc pas vocation à dire si oui ou non un fonds d’investissement peut se prévaloir du caractère responsable des investissements qu’il propose, mais c’est en revanche bel et bien l’AMF qui vérifie que les informations utiles sont bien délivrées à l’investisseur et qu’elles sont claires, exactes et non trompeuses.
Pas d’énergies fossiles, d’armes ou de tabac
En l’état actuel des choses, le seul critère d’exclusion des ISR sont les entreprises, les organisations ou les établissements publics de droit privé qui ne répondent pas aux critères ESG, comme les compagnies pétrolières (et toutes les entreprises utilisant ou commercialisant de l’énergie d’origine fossile ou nucléaire), les fabricants d’armes, d’alcool ou de tabac, et, d’une façon générale, toutes les entreprises exploitant une ressource vivante sans se soucier de son devenir ou de son bien-être.
Un nouvel indice boursier fondé sur les critères ESG
Pour guider les investisseurs sur cette nouvelle voie, la France a lancé, le 23 mars dernier, un nouvel indice boursier fondé sur les critères de l’ISR. Baptisé CAC 40 ESG, il est composé (comme son nom l’indique) des 40 valeurs les plus importantes, sélectionnées sur la base de leurs critères ESG parmi les 60 entreprises présentes dans le CAC 40 et dans le CAC Next 20. L’approche retenue pour la formation de cet indice est pour l’heure celle du « best-in-class », mais la méthodologie est promise à évoluer, en fonction des réglementations et des normes européennes à venir.