Mis en sommeil à l’époque où le pétrole n’était pas cher et où les tensions géopolitiques mondiales n’atteignaient pas leur niveau d’aujourd’hui, la géothermie comme source renouvelable de régulation thermique a désormais le vent en poupe. Il est vrai que l’Etat a décidé de soutenir financièrement tous les projets, y compris ceux des particuliers
Présentée comme une solution d’avenir dès le premier choc pétrolier au début des années 1970, la géothermie a connu véritable engouement en France à cette époque, avant de subir un brutal coup d’arrêt quand les cours du pétrole se sont effondrés une dizaine d’années plus tard. Résultat : moins de 1% de la consommation de chaleur dans l’Hexagone est aujourd’hui assurée par la géothermie (soit 2 Térawatts/h en 2019), alors que selon les experts, près de 90% du territoire pourrait y recourir de façon plus ou moins massive, en fonction des ressources disponibles du sous-sol, à faible ou grande profondeur. Défini comme axe prioritaire dans le plan d’actions du gouvernement présenté le 2 février dernier, la géothermie devrait doubler sa contribution à la production totale de chaleur d’ici fin 2024. Une nécessité si la France veut tenir ses engagements en et terme de d’émissions carbonées et de recours aux énergies renouvelables pris lors des précédentes COP, notamment celle de Paris, en 2015. Outre l’île-de-France et l’Alsace, en pointe dans ce domaine, les régions Aquitaine, Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont celles qui possèdent le meilleur potentiel géothermique et où l’Etat pousse à la mise en œuvre de nouveaux projets. Y compris au niveau des ménages, où les remplacements de chaudières au fioul ou au gaz par des pompes à chaleur n’ont jamais été aussi dynamiques, soutenus par des aides publiques de plus en plus intéressantes pour les particuliers.
Depuis quelques années, de nombreuses réalisations significatives ont d’ailleurs vu le jour dans l’Hexagone, tant dans le domaine de l’habitat que dans celui de l’industrie. Retour sur les grandes réalisations passées et actuelles en matière de géothermie.
Le Palais de l’Élysée, Paris
Le Palais de l’Élysée, siège de la présidence de la République française, est équipé d’une installation géothermique depuis 2009. Cette installation permet de produire de la chaleur et de l’eau chaude sanitaire pour l’ensemble des bâtiments du site grâce à la pompe à chaleur géothermique.
La Cité du Vin, Bordeaux
Inaugurée en 2016, la Cité du Vin de Bordeaux est équipée d’une installation géothermique de 50 puits de forage pour chauffer et rafraîchir le bâtiment de manière écologique. Cette installation permet de réduire considérablement la consommation d’énergie et les émissions de CO2.
Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Nantes
Le CHU de Nantes a inauguré en 2018 une installation géothermique de 48 puits de forage pour produire de l’eau chaude sanitaire, de la climatisation et du chauffage pour l’ensemble du complexe hospitalier. Cette installation permet de réduire considérablement les émissions de CO2 tout en garantissant un confort optimal pour les patients et le personnel hospitalier.
La ville de Saint-Denis, Île-de-France
La ville de Saint-Denis, en Île-de-France, s’est lancée dans une vaste opération de rénovation urbaine en 2001, avec pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, la ville a installé une centrale géothermique en 2014 pour chauffer et refroidir les bâtiments publics et privés de la ville. Cette installation permet de réduire les émissions de CO2 de plus de 20 000 tonnes par an.
La ville de Clichy-la-Garenne, Île-de-France
La ville de Clichy-la-Garenne, également en Île-de-France, a inauguré en 2021 une installation géothermique de grande envergure. Cette installation, composée de 56 puits de forage, permet de chauffer et de refroidir les bâtiments de la ville, y compris les établissements scolaires et sportifs. Cette installation, la plus importante de France, permet de réduire les émissions de CO2 de plus de 25 000 tonnes par an.
La ville d’Issy-les-Moulineaux, île-de-France
Aménagé sur une ancienne friche, le nouvel écoquartier « Cœur de ville » a également opté pour la géothermie afin de climatiser ses 40 000 m² de bureaux, ses commerces, son cinéma et les logements sociaux et résidentiels du quartier. Chauffés l’hiver et rafraîchis l’été grâce aux calories et frigories pompées dans l’eau de la nappe phréatique du bassin de la Seine. Un choix qui permet d’assurer 73% des besoins du quartier en termes de régulation thermique selon Engie Solutions, qui a piloté le projet.
Ces exemples montrent que la géothermie est une technologie qui a fait ses preuves en France. De plus en plus de villes et de bâtiments publics et privés se tournent vers cette source d’énergie renouvelable pour répondre à leurs besoins en matière de chauffage et de climatisation. La géothermie offre une alternative écologique et économique à l’utilisation des énergies fossiles et constitue un véritable levier pour la transition énergétique.