S’adresser directement à un professionnel du droit quand un problème juridique se pose intimide la plupart des individus, qui ont souvent peur du prix à payer pour ce type de services. Ekie, une start-up incubée chez Platform58, leur offre une solution efficace et économique pour avoir accès à un avocat dès que nécessaire
Dans une enquête commandée par le Conseil national des barreaux en 2019 (1), sept personnes interrogées sur dix estimaient que l’accès au droit et à la justice en France était de plus en plus difficile, et plus de huit sur dix mentionnaient « l’accès à un avocat » comme solution N°1 à ce problème.
Un constat que les trois co-fondateurs d’Ekie avaient fait bien avant cette enquête de l’institut Odoxa. En 2018, un an avant sa publication, Raphaël Jabol, Stéphane Le Viet et Pierre Aidan se sont en effet associés pour lancer cette start-up bâtie sur le même modèle que les plateformes de streaming comme Netflix, Spotify ou Disney +. Sauf qu’au lieu de payer pour voir des films ou écouter de la musique, c’est l’accès permanent à un avocat que l’on s’offre sur abonnement, histoire de prendre les bonnes décisions au bon moment, sur des bases juridiques solides, dès qu’un problème se pose dans la vie quotidienne.
« Droit du consommateur, droit de la famille, droit pénal… il n’y a pas de limites aux types de questions que l’on peut traiter, explique Raphaël Jabol, le Pdg d’Ekie, qui ambitionne de permettre à tout le monde de bénéficier des conseils d’un avocat, pour des choses très simples comme pour des affaires plus complexes », et sans craindre de devoir faire un gros chèque pour commencer.
L’offre d’Ekie démarre en effet à 9,90€ par mois pour l’abonnement standard, qui donne droit à la réponse sous 24h d’un avocat à une question posée par écrit en ligne, et à autant de questions – et de réponses – que nécessaire. Avec la version premium, à 14,90 € par mois, on bénéficie en plus d’un accès illimité par téléphone à des avocats spécialisés dans le domaine juridique concerné et en premium plus, à 19,90 € par mois, on bénéficie d’une assurance protection juridique qui offre six garanties, s’occupe de rechercher une solution amiable au litige et contribue aux frais de justice en cas de procès.
« Ekie, c’est un peu le chaînon manquant entre le recours direct à un avocat, facturé généralement autour de 200 € de l’heure, et la consultation de fiches juridiques plus ou moins bien faites sur internet », poursuit le jeune patron, qui revendique 100 000 abonnés en 18 mois, aussi bien des groupes d’individus abonnés par leur employeur que des particuliers. De nombreuses entreprises offrent le service à leurs collaborateurs, qui séduit à la fois les grands groupes comme l’Oréal et des startups comme PayFit ou Contensquare. En effet, il est impossible de travailler sereinement lorsqu’une problématique personnelle nous préoccupe. Les problèmes juridiques entraînent stress, fatigue et perte de concentration. Ekie est un moyen pour ces entreprises de prendre soin de leurs collaborateurs, mais est aussi un argument permettant d’attirer ou de retenir des talents. « Il y a des entreprises soucieuses d’offrir à leurs collaborateurs une bonne protection juridique pour leur confort intellectuel, raconte Raphaël Jabol, y compris parce qu’un employé stressé par un problème de droit est moins efficace et prend des jours de congés pour s’occuper de ses problèmes. » Un peu comme s’il s’agissait d’une mutuelle, mais pour les tracasseries quotidiennes en plus de la santé.
Le principe de fonctionnement d’Ekie repose largement sur le Machine Learning et le traitement automatique du langage naturel. Quand un abonné pose une question, son texte est analysé, et la question est automatiquement attribuée à un avocat spécialiste du domaine. « On définit ainsi un besoin juridique, et on sollicite un avocat dans la bonne spécialité pour y répondre », précise le jeune patron, dont l’entreprise a d’abord intégré le programme Start Up Garage de Station F, avant de rejoindre Platform58, l’incubateur de La Banque Postale. Sélectionnée en 2020 pour rejoindre le centre de ressources pour la lutte contre la pandémie lancé par Facebook (elle était la seule LegalTech parmi les dix-huit start-up retenues), Ekie regarde désormais vers l’international, encouragée par la dimension globale de certaines de ses entreprises clientes, comme L’Oréal ou AirBnB. Avec l’ambition de démocratiser l’accès au conseil juridique professionnel le plus largement possible.