Devenu obligatoire pour les entreprises cotées en 2001, le reporting des données extra-financières s’est depuis étendu à toutes les entreprises et organisations de plus de 500 salariés ou réalisant plus de 100 M€ de chiffre d’affaires. La certification de la démarche reste toutefois un enjeu crucial pour qui veut se prémunir des accusations de green – ou social – washing.
Considérée naguère comme une lubie de doux rêveurs, la responsabilité sociétale des entreprises – plus connue sous son acronyme RSE – n’est désormais plus seulement un devoir moral, elle est devenue une obligation pour toute entreprise ou organisation qui ambitionne de se développer pour durer. Inscrite à l’ordre du jour du sommet de la terre de Johannesburg en 2002, elle n’a depuis cessé d’infuser dans toutes les strates de l’économie, accompagnant – plutôt que devançant – les préoccupations de la société face à la dégradation de l’environnement et du climat, au creusement des inégalités sociales et à la persistance, voire à la multiplication des crises de tous ordres. Longtemps hostiles à ce qu’on impose des règles contraignantes et des limites à l’activité économique, les gouvernements et les entreprises ont depuis assimilé le fait que leurs décisions, sinon leur absence de décisions, n’étaient pas sans conséquences sur l’environnement et le corps social, parfois même en totale contradiction avec leurs objectifs théoriques : la paix, la prospérité, la santé… bref, l’intérêt général, au sens le plus large du terme.
Aujourd’hui, responsables politiques et patrons ne nient plus leurs impacts, même s’ils préfèrent toujours parler de leurs « externalités positives » que des actions susceptibles de leur être reprochées.
En quoi la RSE peut aider les organisations humaines à se montrer plus vertueuses à l’endroit de la planète, de leurs collaborateurs et de la société tout entière ?
D’abord parce que les entreprises qui souscrivent à une démarche RSE s’engagent de facto à rendre compte de leurs actes au-delà de leurs obligations légales, dès lors que la « responsabilité » revendiquée implique un devoir d’honnêteté et de transparence vis-à-vis de ses parties prenantes. C’est-à-dire ses collaborateurs, ses fournisseurs, ses clients et toutes les personnes susceptibles d’être impactées par ses activités, à quelque niveau que ce soit. En théorie, investir dans la RSE est un acte purement volontaire, qui ne répond à aucune obligation réglementaire. En pratique, c’est justement pour répondre aux exigences croissantes de leurs parties prenantes que les entreprises s’y mettent.
En France, on comprend souvent la RSE comme la mise en œuvre par les entreprises du concept de développement durable, qui repose sur les trois mêmes piliers : la préservation de l’environnement, le respect de la personne humaine et la performance économique. Sauf que la RSE implique d’inscrire l’entreprise sur une trajectoire de progrès constants dans ces trois domaines, ce qui nécessite le plus souvent une remise en cause assez profonde des pratiques et des habitudes au niveau de l’organisation, du management et des relations sociales.
Pour autant, la RSE reste un concept critiqué, car trop facilement réductible à un facteur d’image pour des entreprises peu soucieuses d’en respecter sincèrement les principes. Ainsi détournée la RSE relève effectivement du green – ou du social – washing, rendus possibles par le caractère avant tout déclaratif d’une démarche RSE. Rien n’empêche en effet une entreprise malhonnête de proclamer son excellence en matière de RSE d’un côté et de maintenir une partie de ses effectifs dans la précarité de l’autre, voire déployer tous les efforts possibles pour échapper à l’impôt.
La meilleure façon de mettre une démarche RSE à l’abri des tentations coupables en termes de communication et d’image, c’est encore d’en soumettre régulièrement les données à une agence de notation extra-financière indépendante qui sera capable d’en évaluer la pertinence et les résultats au fil du temps. C’est par exemple ce qu’a choisi de faire La Banque Postale, qui s’est engagée dans une telle démarche en 2XXX a été classée en juin 2021 première banque mondiale en matière de RSE par l’agence internationale Moody’s ESG Solutions (ex-Vigeo Eiris). La seule solution pour communiquer, en interne comme à l’externe, sans être suspecté d’enjoliver la situation est un excellent moyen pour les dirigeants et les cadres responsables de cette démarche dans l’entreprise de vérifier périodiquement que le chemin emprunté est le bon.