D’abord réservés aux entreprises et aux collectivités publiques, les crédits dits « à impact » sont désormais disponibles pour les particuliers qui souhaitent financer des travaux à vocation écologique ou un véhicule neuf. Et ça ne fait que commencer !
Naguère, il suffisait d’aller voir son banquier avec quelques bulletins de salaire et un projet bien ficelé pour obtenir un prêt. Avec pour seule obligation de le rembourser en temps et en heure jusqu’au dernier centime. Et sans se préoccuper des conséquences éventuelles de cette dépense en termes d’émission de gaz à effet de serre, de consommation d’eau ou de production de déchets non recyclables.
Avec les engagements pris par l’immense majorité des Etats fin 2015 dans le cadre de l’accord de Paris, les établissements financiers ont vite saisi que les règles appliquées à l’époque pour la délivrance de crédits ne tenaient aucun compte de ces engagements. Et qu’en toute hypothèse, on finirait tôt ou tard par leur reprocher cette contradiction. D’où l’apparition des « crédits à impact », ou « sustainability linked loans », d’abord sollicités par les grandes entreprises soucieuses d’aligner leurs ambitions en matière de développement durable avec leurs besoins de financements. Définis en 2019 par les associations pionnières de ce type de produits (1), les principes du crédit à impact permettent notamment aux entreprises qui y ont recours de bénéficier d’un taux bonifié, quand leurs résultats recoupent concrètement leurs ambitions environnementales.
Ces derniers mois, ce type de prêts s’est non seulement développé à un rythme élevé, mais s’est également étendu aux PME/PMI, aux collectivités publiques et même aux particuliers, de plus en plus nombreux à se préoccuper de leur empreinte sur le climat et l’environnement, dans le travail comme dans la vie courante. Mais impossible de gratifier des personnes physiques sur les mêmes bases que les entreprises.
Des prêts à impact pour particuliers, c’est La Banque Postale qui a été la première au monde à en proposer, dès septembre 2021, pour l’achat d’un véhicule ou la réalisation de travaux de rénovation énergétique au domicile de l’emprunteur. Sauf qu’à la place d’un taux bonifié en fonction de la performance environnementale, comme c’est le cas pour les entreprises ou les collectivités, La Banque Postale s’engage auprès des particuliers à financer des initiatives à impact plus positif sur l’environnement et la société. Pour chaque prêt auto accordé, elle investit par exemple dans des projets sélectionnés pour leurs effets sur la réduction des émissions carbone.
L‘idée est de proposer une démarche non culpabilisante aux emprunteurs, en les incitant à faire des choix et des achats plus responsables : pédagogie, tarification préférentielle pour l’emprunteur et contribution financière à des projets de compensation à impact plus positif pour le prêteur. Précision utile : ces prêts peuvent évidemment financer un véhicule électrique ou hybride, avec une tarification préférentielle à la clé, mais aussi une voiture à moteur thermique. Au contraire du prêt personnel « travaux verts » de La Banque Postale, qui finance exclusivement des projets d’économie d’énergie. Sous deux conditions : que ces travaux soient éligibles et qu’ils soient réalisés par un artisan labélisé RGE (2). Dans ce cas, la compensation prend la forme d’un versement de 20 euros pour chaque prêt accordé, une somme ensuite reversée à la Fondation de France, qui s’est engagée à l’investir intégralement dans des projets de lutte contre le mal logement.
Etant donné le succès de ces prêts depuis leur lancement, La Banque Postale prévoit de transformer tous ses crédits à la consommation en prêts à impact d’ici 2025, afin de renforcer encore cette offre de financements éco-responsables et citoyens.
- (1) : La Loan Market Association, Asia Pacific, la Loan Market Association et la Loan Syndications and Trading Association ont posé comme principes du crédit à impact pour les entreprises, la cohérence de la démarche de l’emprunteur par rapport à sa stratégie RSE, la définition des objectifs au regard desquels l’entreprise sera jugée, la mise en place d’un reporting annuel sur l’atteinte de ces objectifs et le contrôle par un tiers indépendant de ce reporting.
- (2) : RGE signifie « reconnu garant de l’environnement »