De récentes études menées par des microbiologistes ont démontré que des champignons microscopiques seraient présents dans une très grande variété de tumeurs malignes. Une nouvelle piste qui suscite de l’optimisme chez les chercheurs. Existerait-il donc un lien entre champignons et tumorigenèse ?
Le terme “mycobiote” désigne l’ensemble des communautés fongiques colonisant les différents écosystèmes de l’organisme humain, en particulier l’appareil digestif. Les champignons microscopiques qui forment le mycobiote appartiennent plus largement au microbiote. Notre corps héberge 100 000 milliards de micro-organismes, essentiellement des bactéries, soit 10 fois plus de micro-organismes que de cellules.
Les champignons sont des cellules eucaryotes (dotées d’un noyau) dont le processus métabolique est plus important que celui des bactéries (procaryotes, cellules sans noyau) et entre dix et cent fois plus grosses qu’elles. Le mycobiote, quant à lui, est une composante d’un ensemble plus grand, le microbiote, composé des bactéries, archées, champignons, protozoaires (parasites) et virus qui colonisent différents écosystèmes du corps humain.
En septembre 2022, deux équipes indépendantes, l’une américaine et l’autre israélienne, ont affirmé suite à leurs travaux que des champignons pourraient agir comme des puissants freins sur le système immunitaire censé combattre les cellules tumorales.
Ces différentes études ont identifié des espèces de champignons spécifiquement associées à certains cancers. En effet, d’après leurs conclusions, l’ADN fongique serait particulièrement abondant dans les cancers du côlon, du rectum et de l’estomac, mais serait en moins grande quantité dans les cancers de l’œsophage, et en quantité négligeable dans les tumeurs du cerveau.
Ces recherches représentent un grand pas en avant pour formuler des hypothèses sur le rôle du mycobiote dans de nombreux types de cancers, les chercheurs ayant observé que l’ADN fongique présent dans la circulation sanguine provient probablement de la tumeur. De quoi ouvrir des perspectives de diagnostic grâce à un prélèvement sanguin.
Cependant, même si la médecine reste enthousiaste, ces différentes études ne permettent pas d’établir un lien de causalité entre le développement et la progression du cancer et la présence de certaines espèces de champignons microscopiques. Ces études sur les interactions entre les bactéries et les champignons de l’appareil gastro-intestinal ne sont ainsi que le commencement de nombreuses autres recherches.