Fin 2022, les travaux de destruction de deux barrages hydroélectriques situés sur la Sélune, dans le Sud Manche, se sont achevés. Depuis, les résultats observés par les scientifiques de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) sont sans appel : la nature a repris ses droits.
Le projet remontait au Grenelle de l’environnement de 2007 et concernait les barrages de Vezins (49) et de La Roche-qui-Boit (50), construits respectivement en 1914 et 1932. Leur présence empêchait la remontée des poissons sur plus de 90 kilomètres, raison pour laquelle le démantèlement de ces installations avait été acté. Débutée en juin 2019, leur destruction a constitué le plus grand arasement de barrages jamais réalisé en Europe.
Les scientifiques suivent attentivement la restauration écologique de la Sélune, ce petit fleuve qui prend sa source dans la Manche et se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel. Le programme se poursuivra jusqu’en 2027 et mobilise une soixantaine d’experts issus de différents organismes spécialisés en géologie, hydrologie, chimie, biologie, et en sciences humaines et sociales. Les premiers résultats des analyses sont particulièrement enthousiasmants puisqu’après plus d’un siècle d’absence, le saumon atlantique et l’anguille européenne, deux espèces protégées de poissons migrateurs, sont de retour dans la Sélune et ses affluents !
En plus des cycles migratoires renoués entre l’océan et la rivière, les scientifiques constatent aussi une amélioration de l’état écologique du fleuve, dont témoigne la présence d’invertébrés aquatiques (insectes, larves) sensibles aux polluants et à la quantité d’oxygène. Les berges sont par ailleurs peu à peu recolonisées par la végétation, offrant un environnement plus favorable pour une variété d’espèces (oiseaux, amphibiens, invertébrés…).
Autre bonne nouvelle pour la faune et la flore locales : la température de l’eau à l’aval a diminué depuis l’effacement des barrages. Avant les travaux, elle pouvait gagner jusqu’à 2°C pendant l’été, empêchant l’établissement d’espèces clés pour la stabilité de l’écosystème de la Sélune.
Des données particulièrement réjouissantes dans le contexte actuel de réchauffement climatique.