Le partenariat qui unit l’association et La Banque Postale va permettre de financer l’acquisition de nouvelles fermes et de terres agricoles menacées de disparition
Préserver les terres agricoles de la bétonisation et promouvoir des modes de production plus vertueux, c’est l’objectif de Terre de Liens, une association créée il y a 20 ans dans la Drôme. Aujourd’hui propriétaire de 8000 hectares de terres, elle a racheté plus de 300 fermes en 20 ans pour les confier à des agriculteurs prêts à produire en bio – une obligation pour rejoindre l’aventure – mais dépourvus des moyens nécessaires pour acquérir du foncier et des bâtiments. Une fois leur projet validé, ils signent avec Terre de Liens un bail rural environnemental (BRE) pour leur ferme et ses champs, avec en contrepartie la nécessité d’adopter des techniques de production plus exigeantes encore que le label AB, notamment en matière de préservation de la biodiversité.
Pour acquérir les fermes et les terres à préserver, Terre de Liens a évidemment besoin d’argent. Une foncière a été créée en 2006 dans ce but et ses fonds proviennent pour l’essentiel de dons, d’épargne solidaire et de partenariats publics et privés, comme celui qui lie l’association à La Banque Postale (LBP) depuis quelques mois. En septembre 2022, LBP a en effet lancé la commercialisation un titre de créance structuré – en clair un placement financier – à thématique sociale, s’engageant à reverser une partie des fonds collectés à Terre de Liens pour financer ses projets d’acquisitions. Deux mois plus tard, ce placement a connu un tel succès que LBP a pu signer un chèque de 248 000 euros à Terre de Liens, qui figure désormais sur le podium des plus grosses donations de la banque à une association.
Un succès qui s’explique par les garanties qui accompagnent ce titre de créance – ceux qui y souscrivent sont certains de retrouver a minima 100% du capital investi à l’échéance, c’est-à-dire en 2028 – et par la nature des projets qu’il contribue à soutenir, même si les clients ne contribuent pas directement aux donations. Le montant offert à Terre de Liens « est exclusivement financé sur la performance du titre », explique-t-on chez LBP, qui le prend sur sa marge et pas sur le bénéfice reversé au client.
Une somme salutaire pour l’association, qui devra faire face à d’importants enjeux dans les années à venir. Plus de 5 millions d’hectares de terres agricoles devraient en effet changer de mains d’ici 10 ans, principalement du fait des départs en retraite, et Terre de Liens compte bien empêcher le plus grande partie d’entre elles d’être artificialisées, pour y installer des exploitants trop peu fortunés pour les acquérir seuls. Un magnifique défi qui nécessitera d’autres partenariats aussi fructueux que celui-là.