On connait le concept de transition écologique, accommodé à toutes les sauces depuis une trentaine d’années, mais qui reste assez flou aux yeux de nombreux Français. Voire inquiétant pour une partie d’entre eux, qui redoutent avant tout les bouleversements qu’un monde plus écologique pourrait avoir sur leur vie quotidienne.
Plus rassurant, le concept de transition juste a, pour sa part, le mérite d’être aussi plus concret. Car la transition juste, ce n’est pas l’écologie quoi qu’il en coûte. C’est d’abord et avant tout la prise en compte des impacts économiques et sociaux dans le processus de décision relatif aux investissements. Mais c’est aussi la transversalité dans l’appropriation des enjeux liés à la transformation de l’économie, qui passe nécessairement par une évolution des stratégies de financement. Aujourd’hui, les actionnaires particuliers comme les investisseurs institutionnels ont compris que sans décarbonation des collectivités et des entreprises, il n’y aura pas d’économie durable, ni d’investissements rentables à court, moyen ou long terme.
L’ambition sous-jacente de cette « transition juste », c’est de réussir à la fois à préserver,(sinon améliorer) un modèle social équilibré et soutenable, et à accompagner la mutation de notre économie vers un modèle durable, résilient et capable de répondre aux grands enjeux sociaux et sociétaux d’un monde bousculé par le réchauffement climatique et la première pandémie du siècle. Car si elle répond aux enjeux de la crise environnementale, l’indispensable transition énergétique ne pourra occulter les questions liées à son impact social, et notamment à ses répercussions sur l’emploi et la compétitivité de l’économie française.
Au-delà de ce double défi, d’autres questions apparaissent, tout aussi cruciales : comment créer durablement de la valeur sans creuser un peu plus les inégalités ? Quel rééquilibrage envisager au bénéfice de nos territoires dans une économie mondialisée? Quel développement possible dans le strict respect des capacités de la planète ?
C’est précisément l’objectif de la transition juste : envisager le problème dans toutes ces dimensions, sans en négliger aucune, ni en tenir une pour plus importante que l’autre, afin d’opérer les grands choix stratégiques en conscience et selon une logique de long terme, pour enfin nous extraire de l’obsession court-termiste qui a conduit nos sociétés dans l’impasse. A l’opposé de la transition juste, qui propose justement d’élargir le champ des possibles et d’ouvrir autant de nouvelles voies que nécessaires à son accomplissement.