Encore considérés par certains comme une innovation sans grand intérêt, les plastiques biodégradables et compostables sont désormais vus comme une partie de la solution à la pollution plastique par une majorité de Français. Preuve que le sentiment d’éco-responsabilité est bien présent chez nos compatriotes 

Près de 8 Français sur 10 sont favorables à ce que l’on rende obligatoire l’utilisation de sacs plastiques biodégradables et compostables dans les rayons fruits et légumes et 3 sur 4 sont d’accord pour que l’on interdise les sacs plastiques fabriqués à partir de matériaux fossiles (principalement le pétrole, ndlr) afin de réduire la pollution plastique dans l’environnement.

C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête d’opinion réalisée par l’institut Nielsen IQ auprès d’un échantillon représentatif de 2000 personnes en février 2021, pour le compte de l’Association française des compostables biosourcés (AFCB, ex- Club Bio-Plastiques), qui regroupe l’ensemble des acteurs de la filière dans l’Hexagone. L’objectif de cette enquête était de tester le sentiment des Françaises et des Français vis-à-vis des emballages plastiques traditionnels et de leurs alternatives biodégradables et compostables, longtemps considérées par les industriels de l’emballage et les distributeurs comme des gadgets technologiques trop coûteux pour susciter l’intérêt du plus grand nombre.

Au terme de cette enquête, on s’aperçoit néanmoins que nos compatriotes sont non seulement très au fait de ces technologies, mais qu’ils distinguent aussi parfaitement les plastiques conventionnels des nouvelles matières biodégradables et compostables. Ils savent ainsi très bien que les premiers sont responsables de la pollution des terres et des océans et que les secondes finissent par être naturellement digérées dans l’environnement, sans laisser derrière elles microplastiques ou substances polluantes. Près de 6 personnes interrogées sur 10 savent en effet ce qu’est la biodégradation et près de 8 sur 10 connaissent le mot « compostable » et savent ce qu’il signifie. De même, plus de 3 personnes sur 4 (76% exactement) estiment que la collecte sélective des déchets de cuisine est fondamentale pour la protection de l’environnement, le compost obtenu à partir de ces déchets organiques collectés séparément ayant un rôle fondamental à jouer dans le maintien de la fertilité des terres agricoles. Pour les besoins de cette collecte, près d’un tiers des personnes interrogées (31% précisément) utilisent déjà des sacs en plastique biodégradable et compostable, mais ils sont encore presque 4 sur 10 (38%) à utiliser des sacs conventionnels, qui restent dans le compost sous forme de microplastiques et persistent ensuite pendant des siècles dans l’environnement. Conscients de cette réalité, près de 70% des Français sont favorables à rendre obligatoire le tri séparé des déchets organiques et la moitié d’entre eux se disent également prêts à utiliser des sacs biodégradables et compostables pour cette collecte – contre seulement 10% qui préfèrent les sacs en plastique de pétrole.

Cela tombe bien : la grande majorité de ces nouvelles matières plastiques ont été mises au point ces 30 dernières années en Europe, principalement en Italie et en France, au prix d’importants crédits de recherche qui ont bénéficié aux laboratoires publics et privés ainsi qu’aux services Recherche et Développement de plusieurs entreprises européennes du secteur. « Aujourd’hui, près de 90% des sacs plastiques conventionnels sont produits en Asie et importés en Europe, rappelait Jean-Marc Nony, directeur Développement durable du groupe Sphère, premier plasturgiste français et membre de l’AFCB, lors de la présentation de cette enquête. Pour les plastiques biodégradables et compostables, c’est exactement l’inverse », soulignait-il. D’où l’intérêt de promouvoir ces matières sur le continent où elles ont été créées et où elles sont en majorité fabriquées. La Chine et les Etats-Unis commencent d’ailleurs à s’y intéresser de très près, au moment même où les autorités européennes semblent, de leur côté, en négliger l’intérêt pour l’environnement et l’économie du continent.

« C’est désormais au législateur, en France et en Europe, de prendre les bonnes décisions, à la fois pour la préservation de l’environnement et pour le développement sur notre territoire d’une activité économique à forte valeur ajoutée et à haut bénéfice sociétal », prévenait pour sa part Christophe de Boissoudy, président de l’AFCB, lors de cette même présentation. Il n’est d’ailleurs pas le seul à y croire puisque Louis Gallois, ancien patron d’Aérospatiale et de la SNCF, puis commissaire général à l’investissement de 2012 à 2014, voit dans les bioplastiques une des voies de réindustrialisation de l’Europe. Interrogé le 18 juin par l’Agence France Presse sur la transition énergétique et les relocalisations industrielles, il estimait les deux possibles «avec une industrie qui se verdit, avec les nouvelles énergies, les matériaux isolants, les plastiques biodégradables, les pompes à chaleur, les systèmes de gestion de l’énergie – et j’ajoute l’énergie nucléaire, une énergie pilotable qui ne dégage pas de CO2. C’est un sujet sur lequel je vais m’investir. » Parole de grand patron.

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