D’une efficacité modérée, ce sérum représente néanmoins une avancée importante, puisqu’il s’agit du tout premier vaccin contre un parasite mis au point et commercialisé dans le monde. D’autres produits sont actuellement en développement pour lutter contre cette maladie qui tue plus de 400 000 personnes chaque année, dont une majorité d’enfants

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une arme efficace contre le paludisme vient d’être approuvée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui recommande un « déploiement à grande échelle » d’un vaccin développé par le laboratoire britannique GlaxoSmithKline (GSK) et commercialisé sous le nom Mosquirix. Selon l’OMS, qui a qualifié cette annonce de « moment historique » dans la lutte contre cette maladie, une des plus meurtrières affectant les pays de la zone intertropicale, avec près de 230 millions de personnes infectées dans le monde et 409 000 morts en 209, dont 94 % en Afrique et 67 % d’enfants de moins de 5 ans. C’est d’ailleurs parce que le paludisme touche surtout cette catégorie d’âge que l’OMS préconise d’utiliser prioritairement ce vaccin «  chez les enfants d’Afrique subsaharienne et des autres régions du monde ayant une transmission modérée à élevée de psalmodium falciparum », le parasite à l’origine de cette maladie transmise par les moustiques. Outre ces recommandations de l’OMS, l’autre grande première que signe cette annonce, c’est la mise sur le marché du tout premier vaccin anti-parasitaire, une catégorie d’agents pathogène qui résistait jusque là à la sagacité des nombreuses équipes de recherche médicale mobilisées depuis des décennies pour trouver la parade contre ce fléau sanitaire. Selon l’Ethiopien Tedros Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, le Mosquirix constituerait une « avancée décisive pour la science, la santé infantile et le contrôle de la maladie » et son déploiement massif  « pourrait sauver des dizaines de milliers de jeunes vies chaque année », particulièrement en Afrique, continent dont il est originaire. 

Pour autant, cette annonce de l’OMS a quelque peu surpris par sa soudaineté, alors même qu’un essai clinique chargé d’évaluer son efficacité en conditions réelles a été lancé par l’organisation onusienne en 2019 au Ghana, au Malawi et au Kenya. L’essai ambitionnait de vacciner un million d’enfants et devait livrer ses premiers résultats en 2023.

De précédents essais mis en œuvre par GSK en Afrique avaient fait l’objet d’une publication en 2015 dans The Lancet, un des revues médicales à comité de lecture les plus réputées au monde. Les résultats publiés à l’époque indiquaient que quatre épisodes sur dix de paludisme classique et trois épisodes sur dix de paludisme grave avaient été évités chez les enfants vaccinés au bout de 4 ans. Des chiffres jugés à l’époque plutôt décevants, même s’il s’agissait des premiers montrant un certain niveau de protection après vaccination. Mais très très loin du miracle espéré. Il faut dire que la course aux vaccins antiparasitaires, et singulièrement contre le paludisme, n’a été jusqu’ ici qu’une longue série d’échecs, avec plus de 100 candidats vaccins testés et aucun résultat réellement probant.  GSK travaille d’ailleurs sur le sujet depuis plus de 30 ans et son Mosquirix est le tout premier à atteindre l’étape des essais cliniques de phase 3, les derniers avant approbation (ou non) par les agences nationales et continentales chargées d’évaluer les nouveaux médicaments.

C’est avec mesure que l’annonce de l’OMS a été accueillie par la communauté scientifique, d’autant que les données relatives à l’essai en vraie grandeur n’ont pas encore été publiées. Elles n’ont donc pas pu être analysées par les chercheurs indépendants de GSK et soumises ainsi au débat.

Il n’empêche : la mise au point rapide d’un vaccin contre le paludisme n’a jamais paru plus urgente, de nombreux chercheurs ayant constaté l’apparition récente en Afrique de souches de psalmodium falciparum résistantes aux traitements médicamenteux actuellement utilisés. Une réalité qui ne serait pas neutre dans la dégradation (ou plutôt l’absence d’amélioration) des chiffres du paludisme en Afrique et en Asie, où la baisse attendue du nombre d’infections et de décès ne s’est pas produite.

Pour autant, l’espoir d’une solution à ce fléau n’a jamais semblé si proche. Outre GSK, plusieurs grands labos travaillent en effet sur le sujet et d’autres candidats-vaccins prometteurs pourraient voir le jour dans les prochains mois. A commencer par celui de BioNtech, qui a annoncé durant l’été se concentrer sur le développement d’un vaccin à ARN messager contre le paludisme. Le miracle ne s’est donc pas encore produit, mais la probabilité qu’il se produise un jour n’est désormais plus une chimère.

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