La transition écologique est un enjeu absolument central pour l’avenir de l’humanité. Mais peut-elle être mise en place de manière efficace dans une économie basée sur le PIB ? Nous avons posé la question à Dominique Méda, notamment directrice de l’Institut de Recherches Interdisciplinaires en Sciences Sociales (IRISSO, UMR CNRS) et titulaire de la chaire « Reconversion écologique, travail, emploi et politiques sociales ».

Tout d’abord, qu’est ce que le PIB ? Il s’agit du produit intérieur brut, soit d’un mode de calcul de la croissance économique basé sur la production réalisée au sein d’un territoire donné, en bref sur la valeur ajoutée (richesses économiques) générées. 

Comme le souligne Dominique Méda : “Il compte positivement toutes les productions que celles-ci soient utiles ou toxiques et ne tient pas compte des inégalités dans la production et la consommation.” Elle ajoute : “Il est donc très limité, voire pervers puisqu’il ne joue pas le rôle d’alerte”. En effet, le PIB ne tient pas compte des externalités négatives engendrées par l’économie, que ce soit au niveau social ou environnemental. 

Ainsi, croissance économique et amélioration de la qualité de vie ne vont pas de pair, et en matière de transition écologique, le constat reste le même. C’est pourquoi, continuer dans cette voie ne peut pas donner de résultats concluants, car le PIB ne nous permet pas d’analyser finement les conséquences de notre économie sur l’environnement.

Le dernier rapport du GIEC appelle à plus de “sobriété”

“Il faut rompre avec la croissance”, affirme Dominique Méda en tout cas au sens où on l’entend aujourd’hui. Elle justifie : “On se réjouit de l’augmentation du taux de croissance alors que nous savons depuis plus de 50 ans (c’était le fameux rapport Meadows) que la croissance entraîne des dégâts : pollutions, épuisement des ressources, destruction de la biodiversité, émissions de gaz à effet de serre… Le lien est établi entre croissance et augmentation des GES. Le découplage entre croissance du PIB et émissions de GES est beaucoup trop lent, nous n’avons pas le temps d’attendre.”  

Et c’est d’ailleurs ce que confirme le dernier rapport du GIEC publié en avril dernier : nous devons aller vers plus de “sobriété”. Les conséquences du réchauffement climatique sont tout à fait palpables. En Inde ou au Pakistan, le thermomètre est monté jusqu’à 50 C° en mai dernier, quand nous avons enregistré des températures jamais vues en France à une telle période. Il s’agit d’ailleurs du mois de mai le plus chaud et le plus sec jamais observé dans l’Hexagone ! Et ce ne sont que des exemples, ces conséquences se voient partout dans le monde. Le GIEC souligne aussi les impasses de notre système économique, (croissance continue de la production, surconsommation…) et prône de nouveaux modes de vie, plus minimalistes. 

Dans cette logique, Dominique Méda assure : “On doit donc réinscrire, réencastrer nos économies et nos raisonnements économiques dans les limites naturelles, dans des considérations physiques (…) On a donc absolument besoin d’une autre économie.” 

C’est d’ailleurs dans cette idée que le BNB (Bonheur National Brut) a été théorisé. Certes, à le dire à voix haute, cela paraît un peu “utopique” sur les bords… et pourtant. Celui-ci prend en compte quatre facteurs : la croissance et développement économique, la conservation et promotion de la culture, la sauvegarde de l’environnement et l’utilisation durable des ressources et une bonne gouvernance responsable. Imaginé pour la première fois en 1976 au Bhoutan, il apparaît être efficace sur le plan écologique. En effet : le pays absorbe plus de CO2 qu’il n’en n’émet. 

Si la situation économique du Bhoutan est loin d’être rose (pauvreté, endettement…), le BNB a montré son efficacité en matière de climat.

Alors, à la lumière du dernier rapport du GIEC, ne devrait-on pas entamer un débat sur le sujet et remettre en cause un modèle de développement qui montre de nombreuses limites ?

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