Suivant les travaux initiés par la faculté des sciences de l’université Monash à Melbourne (Australie), il est possible de combattre la dengue grâce à Wolbachia, une bactérie qui stoppe la réplication du virus chez les moustiques vecteurs de la maladie. Explications.

La dengue, maladie  virale qui  se transmet à l’homme par la piqûre des femelles infectées (principalement de l’espèce aedes aegypti), sévit dans les régions tropicales et subtropicales et essentiellement en zones urbaines et semi-urbaines du monde entier. Les moustiques responsables de son existence sont aussi ceux vecteurs du chikungunya, d’amaril ou encore de Zika. 

Deuxième affection fébrile la plus diagnostiquée après le paludisme, la dengue, dans certains pays d’Asie et d’Amérique latine, est l’une des principales maladies graves et causes de décès dans ses formes sévères. Mais si la moitié de la population mondiale environ est exposée au risque, avec 100 à 400 millions d’infections annuelles, plus de 80% d’entre elles, sont heureusement bénignes et asymptomatiques. N’en demeure pas moins que la maladie est, aujourd’hui, devenue endémique ! Si avant 1970, seuls neuf pays avaient connu des épidémies graves, aujourd’hui plus de 100 pays dans les Régions OMS de l’Afrique, des Amériques, de la Méditerranée orientale, de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental sont concernés !

Expliquer pour convaincre

Ainsi, la bactérie Wolbachia qui empêche la transmission de ces arbovirus (dengue, Zika, chikungunya…) représente un formidable espoir. L’objectif est d’obtenir, par accouplement des moustiques auxquels est inoculé le germe protecteur avec des moustiques sauvages, une nouvelle population rendue alors incapable d’infecter les populations. C’est l’Australie qui a été pionnière de cette technique grâce aux travaux menés depuis près de 20 ans par Scott O’Neill, doyen de la faculté des sciences de l’université Monash à Melbourne, et à la tête d’Eliminate Dengue (devenu World Mosquito Program), une collaboration internationale de recherche à l’origine de l’introduction de cette bactérie dans les moustiques. Les résultats d’un essai contrôlé randomisé publiés dans le New England Journal of Medicine montrent que l’incidence de la dengue a été réduite de 77% dans les zones de Yogyakarta, en Indonésie, où des moustiques porteurs de Wolbachia ont été lâchés en 2018. L’essai, intitulé “Applying Wolbachia to Eliminate Dengue (AWED)”, a été mené par le World Mosquito Program en collaboration avec ses partenaires indonésiens. Plus de trois ans après la fin des lâchers de moustiques, Wolbachia reste à un niveau très élevé dans la population locale de moustiques. Depuis, des dizaines de nouveaux essais ont eu lieu, dont un nouveau lâcher de moustiques le 17 janvier 2022 en Calédonie. Le World Mosquito Program continue d’accumuler des données issues des essais sur le terrain des lâchers de Wolbachia en Amérique du Sud, en Asie et en Océanie.

Pour lutter contre la dengue, l’OMS recommande également, en parallèle, une meilleure gestion des déchets, la protection contre les piqûres et la destruction des gîtes larvaires. La prévention repose sur la protection individuelle contre les piqûres et le contrôle des populations de moustiques (lutte anti-vectorielle).

L’un des enjeux majeurs du projet World Mosquito Program en cours dans 11 pays reste d’expliquer le principe pour convaincre les populations de l’innocuité de la libération de ces moustiques infectés. Cette stratégie s’inscrit dans la mise en place de politiques publiques de santé (contrôle régulier des gîtes en eau, amélioration des conditions d’accès à l’eau des populations, politiques de planification urbaine…), la dengue étant d’autant plus virulente que les populations sont pauvres !

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